Me voilĂ de retour aprĂšs plus dâun mois passĂ© dans un territoire, un pays mais aussi une rĂ©gion si riche en ethnies, cultures, nature, histoireâŠ
La Guyane mâa vu vivre chez elle le temps de plusieurs semaines dans le cadre de ma scolaritĂ©, car je devais effectuer un stage obligatoire afin de valider ma formation.
Pourquoi la Guyane ?
Jâai choisi la Guyane car depuis le temps que je rĂ©pĂ©tais « Jâai trop envie dâaller en Guyane ». En effet, depuis le collĂšge (il me semble) je rĂȘvais de visiter ce territoire français si lointain. En fait, elle mâattirait surtout par sa diversitĂ© ethnique. Puis le fait que les guyanais parlent un crĂ©ole diffĂ©rent du mien (crĂ©ole guadeloupĂ©en), cela mâintriguait aussi.
Jâavais envie de connaitre son histoire, de partir Ă la rencontre de sa population et de ses richesses.
Maintenant que vous me connaissez, vous savez dĂ©jĂ que jâadore la diversitĂ©. Jâadore la diversitĂ© ethnique, la diversitĂ© culturelle et la Guyane est pour moi ce quâon appelle lâune des nations ou nous pouvons parler clairement dâun melting-pot.
En effet, ce sont plus de 25 groupes ethniques qui cohabitent ensemble sur le territoire. Câest Ă base dâafricains, dâeuropĂ©ens, dâasiatiques, dâindiens, dâamĂ©rindiens et de caribĂ©ens.
Comment est-ce que jâai procĂ©dĂ© ?
Lorsque jâavais les cartes en mains pour effectuer une demande de stage ailleurs, jâai directement contactĂ© les institutions qui Ă©taient capables de mâaccueillir.
Ensuite tout est allĂ© trĂšs vite car jâai Ă©tĂ© directement prise puis en mĂȘme temps ils Ă©taient (les membres de la direction) assez Ă©tonner quâune mĂ©tropolitaine puisse vouloir effectuer un stage mais Ă©galement un sĂ©jour sur leur territoireâŠ
Jâai eu droit Ă un « mais vous avez une attache particuliĂšre pour la Guyane pour vouloir y venir ? ». Ce nâĂ©tait pas mĂ©chant mais je dĂ©cidais en fait de venir dans la rĂ©gion qui est qualifiĂ©e de dĂ©partement le plus dangereux de France mais je dĂ©cidais aussi dây venir, quelques mois aprĂšs les nombreuses grĂšves, qui avaient secouĂ©es la rĂ©gionâŠ
Je ne me suis pas dĂ©couragĂ© et jâai tout de mĂȘme continuer sur ma lancĂ©e.
Au niveau du logement, jâai tout simplement explorĂ© les nombreuses plateformes du logement Ă lâĂ©tranger (Airbnb, Homestay, Le Bon CoinâŠ). Au final jâai trouvĂ© un studio trĂšs moderne en plein centre-ville de Cayenne sur le site Cyphoma.fr (LâĂ©quivalent du Bon Coin en Guyane)
JâĂ©tais donc Ă proximitĂ© de tout : commerces, place des palmistes, musĂ©es, port, Ă©gliseâŠ
Je ne vous cache pas que jâavais Ă©galement un peu peur car câĂ©tait la premiĂšre fois que je voyageais toute seule de toute ma vie ! Jâai toujours pris lâavion avec mes parents donc prendre lâavion toute seule, fut une autre Ă©tape de ma vie lol.
Ensuite forcĂ©ment les peurs de mes parents ont engendrĂ© ma peur Ă moi-mĂȘme. En effet ils nâarrĂȘtaient pas de me dire Ă quel point la Guyane est « dangereuse », il y a trop de violence et jâen passe.
Et Ă lâapproche du dĂ©part, toutes ces phrases de ma famille et de mes amies ne cessaient de tourner dans mon esprit.
Au final je suis parti la boule au ventre, ne sachant pas Ă quoi je mâattendais.
Je me disais que je partais dans un endroit oĂč je nâai pas de famille et pas dâamis. Ensuite, je nây ai jamais mis les pieds et en plus de ça, je suis une femme. Non sans estimer ma fĂ©minitĂ© et toutes mes sĆurs mais forcĂ©ment jâĂ©tais une « proie » facile.
Jâai envie de dire que jâai trouvĂ© le harcĂšlement de rue plus prononcĂ© quâĂ Paris. Si jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© victime dâharcĂšlement de rue Ă Paris, Cela mâarrive trĂšs rarement.
A Cayenne, me faire siffler, ĂȘtre regardĂ© dâune certaine façon ou ĂȘtre accostĂ© dâune certaine façon parce que je suis une femme, cela faisait partie de mon quotidien. Je ne suis jamais sorti toute seule le soir par choix. Mais j’ai envie de dire que je remercie la vie et le seigneur de mâavoir donnĂ© une bouche pour rĂ©pondre bien gentiment Ă toutes ces personnes qui dĂ©cident de rĂ©duire le statut de la femme. Ne sortant qu’en journĂ©e toute seule, je prenais mon courage Ă deux mains pour faire mes courses, mes visites touristiques toute seule. Et si un homme avait le malheur de m’accoster d’une maniĂšre trĂšs dĂ©sagrĂ©able, je lui le faisait bien savoir. AprĂšs tout, je ne suis dans aucune obligation de devoir dire/rĂ©pondre Ă un bonjour, de m’habiller selon les critĂšres et rĂ©pondre tout simplement aux avances d’un homme.
Et puis apparemment dĂšs mon arrivĂ©e, bien que je sois noire comme toute cette communautĂ© noire de Guyane, cela se voyait que je nâĂ©tais pas des leurs, ni de lĂ -basâŠ
Mon avis sur la Guyane ?
Je nâai pas Ă©tĂ© déçu de la Guyane. Je suis allĂ©e jusquâau bout de mes aspirations. Ce voyage je lâai espĂ©rĂ© et je lâai rĂ©alisĂ©. Jâai beaucoup aimĂ© tous ces espaces verts, cette population si mĂ©tissĂ©e dans les rues, sa cuisine locale, ses architectures trĂšs coloniales et colorĂ©esâŠ
Jâai par contre regrettĂ© le manque dâinfrastructures (hĂŽpitaux, transport) qui ne touchent pas seulement la Guyane. Un si beau territoire mĂ©rite dâĂȘtre amĂ©liorĂ© pour sa terre et sa population.
Je prenais le bus tous les jours pour me rendre sur mon lieu de stage. CâĂ©tait un choix de vouloir mâintĂ©grer et de me fondre dans la population locale et dans la vie quotidienne des guyanais. Ayant pris les bus tous les jours, je reconnais que les systĂšmes de bus ne sont pas assez rĂ©gulĂ©s.
Ils ne respectent pas souvent les heures et puis il y a des heures ou ils devraient plus passer mais ils ne passent pasâŠ
Jâai subi une grĂšve la deuxiĂšme semaine et je vous cache que la dĂ©ception pouvait se lire sur mon visage mais je ne me suis pas dĂ©couragĂ©e.
Ma conclusion sur ce voyage ?
Cela a Ă©tĂ© une grande expĂ©rience de vivre toute seule durant plus dâun mois ! Pour la premiĂšre fois, je quittais famille et amis pour vivre Ă lâautre bout du monde. Jâai appris beaucoup sur moi-mĂȘme, sur les gens et sur la vie tout simplement.
Jâai pris conscience de la chance que jâavais en tant que femme de vivre dans un pays/rĂ©gion dĂ©veloppĂ©. Je vis toujours chez mes parents, ils sont toujours en vie, jâai des frĂšres et sĆurs, jâai des amis, je peux me goinfrer de nourriture Ă longueur de journĂ©e, je peux voyager, je peux sortir comme je veux, je peux mâhabiller, je peux me coiffer comme je veux⊠Et beaucoup pleins de choses encore.
Car des femmes en situation de dĂ©tresse et maltraitĂ©es, jâen ai vu malheureusement. Des idĂ©es qui ont Ă©mergĂ©es dans mon esprit, jâen ai eu.
Reste ce que lâavenir me rĂ©serve.
Je vous donne rendez-vous dans un prochain post pour vous raconter mes activités la-bas.