Bonjour Maryam qui es-tu ?
Je m’appelle Maryam TRAORE. Maryam avec un « Y », je le précise à chaque fois, car je trouve qu’écrit de cette manière, il correspond vraiment à ma personnalité. J’ai 24 ans. J’ai effectué une double licence Mathématiques-Informatique, et je suis actuellement en Master Développement en Alternance dans une agence digitale. Je jongle aussi avec plusieurs petits boulots pour pouvoir me faire de l’argent.
Je t’ai découverte sur ta chaîne YouTube il y a un moment déjà. Quand et comment est-ce que tu as été amené à créer une chaîne ?
J’ai commencé ma chaîne YouTube en 2016. Au départ, je voulais parler du soin, de l’entretien du cheveu crépu, des coiffures. Par la suite, j’ai élargi mon champ en parlant de mes voyages, expériences, du lifestyle en général, des débats. Je ne suis du tout pas régulière sur ma chaîne. Je poste vraiment « au feeling ».
Je remarque que tu voyages beaucoup : Bamako, New-York, Oslo… Peux-tu nous dire quel est ton rapport avec les voyages et dans quel cadre tu as pu voyager ?
Le voyage c’est vraiment une passion pour moi. Je le vois comme une thérapie, si ce n’est un besoin pour mon bien-être. Et cela que ce soit seul, en famille ou entre amis. J’aime tout dans le voyage : de l’organisation aux souvenirs qui restent des années durant, en passant par le voyage sur place, les rencontres, les expériences, les péripéties, les problèmes, les défis, l’adaptation. J’en apprends toujours sur moi et sur les gens. J’ai la fierté de pouvoir dire que j’ai des amis dans le monde entier. J’ai pu voyager dans le cadre du tourisme, de vacances, colonies. J’ai eu la chance faire un échange universitaire d’une année en Corée du Sud à partir duquel j’ai pu faire des pays aux alentours. J’ai aussi pu faire du tourisme associatif, c’était une expérience hyper enrichissante. Pour l’instant, j’ai eu la chance de visiter 18 pays. J’espère que la liste s’allongera vite.
Quel était ton premier voyage ?
Mon premier voyage était en 1997 au Mali. J’avais 9 mois, je suis partie avec ma mère, après le décès de son père, mon grand-père. C’est là-bas, à 9 mois, que j’y ai appris à marcher, que j’ai arrêté les couches, etc. J’y ai rencontré mon arrière-grand-mère. Beaucoup de premières fois là-bas.
Celui que tu as le plus aimé ?
Il y en a tellement. J’ai beaucoup aimé le voyage que j’ai fait en 2010 au Mali. C’était une sorte de colonie d’un mois durant lequel j’ai pu voyager à travers le Mali en tant que touriste, chose que je faisais pour la première fois. À chaque arrêt dans une ville, nous aidions la population. C’était une expérience hyper enrichissante qui a encore plus développé mon amour pour le Mali.
Un autre voyage que j’ai beaucoup aimé est celui du Japon. J’y suis partie seule. J’ai pu effectuer plusieurs villes. C’était totalement un changement de culture. J’ai découvert pleins de choses que ce soit au niveau de la culture, de la nourriture, différentes manières de penser. Les gens étaient hyper gentils, respectueux et bienveillants. Je me suis sentie bien, à l’aise. En tant que femme noire, je ne me suis pas sentie observée, contrairement à d’autres pays asiatiques dans lesquels je suis partie. Ce n’était pas un long séjour, mais il m’est arrivé tellement de choses là-bas.
La petite anecdote pour montrer à quel point les gens sont gentils lol : j’étais partie à Kyoto pour une journée. Le soir, je devais rentrer à Osaka, mais il y a eu un problème et il n’y avait plus de trains jusqu’au lendemain matin. Je devais donc prendre des bus qui m’emmèneraient vers une autre ville, à partir de laquelle je pourrais prendre un train vers Osaka. Il faisait nuit, je n’avais plus de batteries. Je ne comprenais rien aux bus, car tout était écrit en japonais, pas une seule trace de lettre latine, pas de traduction phonétique, rien. Le stress commençait à monter. Je suis donc partie demander de l’aide à deux jeunes filles japonaises, pour qu’elle puisse m’indiquer quel chemin et quel bus prendre. Elles m’ont tout indiqué, et ont insisté pour m’accompagner jusqu’à la gare qui était dans l’autre ville pour être sûre que je ne me trompe pas. J’étais vraiment choquée de voir comment des inconnues pouvaient être aussi gentilles.
Ta prochaine destination ? Si la situation sanitaire te le permettra bien sûr…
J’aime bien garder mes destinations secrètes jusqu’au moment où je suis sur place. J’aime l’effet de surprise que ça crée. Ce que je peux dire, c’est que je souhaite découvrir d’autres pays africains et que je m’intéresse de plus en plus à l’Amérique du Sud.
Au niveau capillaire, tu alternes entre ton afro, aux BRAIDS, aux coiffures traditionnelles. Tu donnes aussi des conseils pour entretenir nos cheveux afro et crépus. Quel est ton rapport avec tes cheveux ? Bel afro au passage !
Merci beaucoup ! Depuis petite, les cheveux et la coiffure sont importants moi. Ma mère me coiffait tout le temps. Je faisais souvent des nattes collées. Je ne me suis défrisé les cheveux qu’une fois dans ma vie et c’était contre mon gré. La coiffure est quelque chose d’important pour moi. Ça termine un look. Mes cheveux sont importants pour moi, ils font partie de mon identité, mais ils ne me définissent pas. Si je décide de les couper, je resterai Maryam, même si pour beaucoup, ce serait inconcevable. J’aime changer souvent de coiffure. Les cheveux crépus sont parfaits pour ça. Il fut un temps où je changeais tous les jours de coiffure. Je recherchais des vidéos sur YT pour pouvoir changer vraiment quotidiennement. Il m’arrivait même de faire des mis en plis pour le lendemain. J’apprends doucement à me coiffer seule pour vraiment être libre de changer quand je veux. J’aime autant les coiffures modernes que les coiffures traditionnelles. J’aime aussi les attachés de foulards. Je n’ai pas encore tenté la coloration, mais c’est un chemin qui commence à me faire de l’œil.
As-tu d’autres passions ?
J’aime la nourriture, j’aime vraiment manger hahaha. J’aime la musique. J’écoute un large répertoire. J’aime aussi apprendre et découvrir de nouvelles choses de moi-même. En ce moment, je suis sur le piano et les origamis.
Quelle est la femme qui t’inspire le plus ?
Sans compter le cadre familial/proches, je dirais Serena Williams. C’est une gagnante. Elle n’est pas arrivée là où elle est par hasard. Elle s’est durement entraînée. Elle a un mental incroyable. C’est une femme forte et engagée. Elle a réussi à concilier sa carrière et sa vie de maman. Elle n’a abandonné aucun de ces deux côtés et est restée la meilleure. Dans le documentaire Being Serena, on voit à quel point, c’est une femme forte et une battante, on voit aussi son côté vulnérable qui montre qu’elle reste quand même humaine. Elle nous fait comprendre que pour réussir, il faut le vouloir, compter sur soi-même et s’en donner les moyens.
Le dernier livre que tu as lu ?
Le dernier livre que j’ai lu est Bakhita. C’est l’histoire d’une jeune fille africaine qui a été enlevée à 7 ans pour devenir esclave. Elle va ensuite être affranchie et reconnue comme sainte par le Pape. C’est une vraie histoire, Bakhita a vraiment existé. J’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai appris beaucoup de choses. Il y avait des passages difficiles à lire, d’autres qui m’ont tenu en haleine. C’est un livre que je recommande.
Ton film préféré ?
Je n’ai pas de film préféré. Mais j’ai une série préférée : Insecure. J’aime tellement cette série, je l’ai regardée, du début à la fin, plusieurs fois et c’est vraiment rare que je fasse ça pour une série. C’est une série que je trouve drôle et qui aborde des sujets intéressants. Je me reconnais aussi dans plusieurs personnages. Les parties où Issa, le personnage principal, prend son cahier, y écrit quelques lignes, et les rappel devant son miroir : c’est totalement moi ! J’aime beaucoup leur style et leurs coiffures, notamment Issa qui nous déroule un carrousel de coiffure sur cheveux naturels. J’aime aussi beaucoup les plans qui y sont faits, c’est une belle série, bien tournée. Les musiques choisies sont incroyables. Je pourrai en parler des heures et des heures.
Quelle est la personne qui t’inspire le plus ?
La personne qui m’inspire le plus est Maureen AYITE, la créatrice de Nanawax. Elle m’inspire par son parcours professionnel et son parcours de vie. Elle a pu monter une entreprise d’une telle envergure en commençant doucement, sans faire de prêt, étapes par étapes. C’est une personne qui est très réaliste, elle ne va pas vendre du rêve, ou trop parler : elle agit. Nanawax est une marque qui met en valeur les tissus africains et notamment le bogolan que j’affectionne particulièrement. Elle a aussi fait le choix de ne faire des boutiques qu’en Afrique, je trouve que c’est un choix qui met en valeur l’Afrique. À partir de tout ça, elle a aussi pu monter d’autres projets. Elle ne s’arrête pas. Je ne la connais pas personnellement, mais d’après ce que je peux voir, on peut voir que c’est une personne qui a un grand cœur et qui ne s’est pas oubliée. Elle pourrait « flamber », mais elle ne le fait pas, j’aime beaucoup aussi ce côté humble chez elle. Elle reste elle-même, honnête et dit ce qu’elle a à dire. J’ai assisté à une conférence qu’elle a faite à Paris. J’ai tellement appris en si peu de temps. Elle nous a conseillé, et nous a fait part des coups durs et des coups bas qu’on lui a fait. Elle a toujours su se relever mieux et meilleure. C’est un modèle de résilience et de réussite pour moi.
Merci à toi Maryam ♥️